“Chroniques de jeunesse”, G. Delisle, Delcourt

On sait aujourd’hui quel auteur il est devenu et quelle œuvre il a bâtie (avec le succès mérité qui va avec), mais, comme nous tous, Guy Delisle a été un ado en proie aux doutes face à son avenir et la voie qu’il s’était choisie, une situation familiale pas toujours facile, des rêves plein la tête mais pas beaucoup d’argent en poche. Grâce à son père qui y travaille comme ingénieur, il réussit à se faire embaucher comme jobiste dans une usine de pâte à papier à Québec plusieurs étés de suite.
La découverte d’un boulot assez rude, entre la chaleur, le bruit constant, les lourdes machines à manipuler, les gestes techniques à prendre, les énormes feuilles de papier à déblayer, le rythme de travail (12h d’affilée ! et on vous appelle très souvent à la dernière minute)… Mais aussi la découverte du monde des adultes vers lequel le jeune homme bascule petit à petit dans les rapports avec ses collègues, entre l’incompréhension face à son choix d’études, l’opposition latente entre cadres et ouvriers, et puis cette ambiance de vestiaires où fusent les plaisanteries un peu graveleuses.
Moins exotique que Pyongyang ou Jérusalem sans doute, mais tout aussi instructif, dépaysant et humain ! Delisle a décidément un don pour se raconter en même temps que le monde et les hommes qui l’entourent.
– Nikita –