« 1984 », X. Coste d’après Orwell, Sarbacane
Nombreux sont ceux qui se sont essayés à l’adaptation du mythique et monolithique 1984 dernièrement, mais c’est sans doute Xavier Coste qui réussit le mieux ce travail titanesque!
Plus de 200 planches pour adapter le roman dans toutes ses dimensions et toute sa profondeur, pour en retirer la ‘substantifique moëlle’ tout en le transposant intelligemment au medium de la BD, ce n’était pas une mince affaire… Coste a su conserver ou couper ce qu’il fallait pour que la narration fonctionne, et même apporter des petites touches personnelles pour éclairer la matière première sous un jour nouveau : au lieu des bleus de travail orwelliens, des cols blancs qui nous rappellent combien ‘1984’ est une œuvre qui continue à résonner avec le monde d’aujourd’hui.
Mais c’est graphiquement qu’il nous met la plus grosse claque et réussit le mieux à rendre un hommage fidèle et puissant au texte d’origine. Il oscille brillamment entre des scènes bien remplies, avec beaucoup de narration, et puis des planches d’atmosphère à vous couper le souffle, qui laissent toute leur place écrasante aux décors en contre-plongées à la géométrie oppressante caractéristique de l’architecture brutaliste, avec ses bâtiments monumentaux tout en blocs de béton – et c’est là que le format carré de l’album prend tout son sens. Puis une esthétique déshumanisante qui fond les individus dans une masse de silhouettes sans visages, et des couleurs très tranchées, primaires et codifiées comme au faîte de l’art soviétique… Le dessin est d’une éloquence percutante.
Et malgré tout, Xavier Coste n’oublie pas de laisser une ouverture à un pan important de ‘1984’ : c’est aussi une histoire d’amour. Tous les ingrédients sont donc réunis pour une superbe adaptation, une très belle porte d’entrée sur l’oeuvre, et un excellent roman graphique !
– Nikita –
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