littérature italienne, Romans

À l’autre bout de la mer

“À l’autre bout de la mer”, Giulio Cavalli, L’Observatoire/10-18

Un corps s’échoue sur une plage de la petite ville de DF, une cité italienne dont les habitants vivent de la pêche et de quelques péchés rapidement absous par don Mariangelo. Le lendemain, un second cadavre est découvert, puis plusieurs le surmendemain. Le maire, le prêtre, le chef de la police, le présentateur vedette, le pêcheur sans enfants, pour tous les citoyens, une même question s’impose : que vont-ils faire de ces corps ? Tous sont des corps d’hommes venus d’un autre continent, tous rejetés par la mer sur leur grande plage.

Le texte, saccadé comme une énumération, rythme la vie quotidienne chamboulée des habitants de DF, les petits travers de chaque citoyen, les décisions qui sont prises pour faire face à l’arrivée de ces cadavres, et enfin les changements radicaux qui seront mis en place par les autorités : en 200 pages à peine, la cruelle dystopie prend forme.

Un récit grave, sans concession, une fresque sociétale aussi glaçante que dérangeante. Le cœur au bord des lèvres, le lecteur est amené à se questionner sur la camp qu’il aurait choisi dans cette ville portuaire frappée par l’horreur.

Ce roman, nommé “carnage” en langue originale, est une sombre plongée dans les méandres de la récupération politique des drames humains. Peu importe que la menace vienne de l’autre bout de la mer ou de la ville voisine, l’Homme est prêt à TOUT pour fermer les yeux sur l’horreur et retrouver sa tranquillité.

Une réflexion efficace, un rythme parfaitement maîtrisé, un roman diablement perturbant. À dévorer !

– Orianne –

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