“Celle qui parle”, A. Jaraba, Bamboo (Grand Angle)
Dans ce dense roman graphique inspiré de faits réels, A. Jaraba nous livre le récit de vie touchant de celle qui deviendra la Malinche. Au 16è s., l’Amérique centrale est une mosaïque colorée de peuples non fédérés, avec de fréquentes luttes fratricides. Malinalli va connaître un long périple marqué par un apprentissage des langues qui lui sauvera la vie puisqu’elle va devenir la traductrice et, de fil en aiguille, la conseillère diplomatique d’Hernan Cortez face aux Aztèques. On comprend qu’elle soit controversée dans l’histoire du Mexique… Mais son parcours est loin d’être un long fleuve tranquille. Celle qui parle parviendra-t-elle à apprendre à dire « non » pour s’affranchir par les mots et prendre son destin en main ?
On soulignera, au-delà du découpage très réussi, le paratexte soigné de l’album : cartes en début de chapitres, typographies et caractères spéciaux pour symboliser les différentes langues, phylactères qui se superposent à la traduction. Et si ce titre nous fait découvrir une figure féminine majeure traitée avec finesse et humanité pour évoquer le déracinement et la résilience et amorcer une réflexion sur la colonisation et la religion, il rappelle aussi la nécessité de franchir la barrière de la langue et le rôle crucial des traducteurs/interprètes dans la transmission et la diplomatie…
– Nikita –