Les Librairies Flagey présentent :
“L’enfant de poussière” (t1/2 du Cycle de Syffe), P. Dewdney, Au Diable Vauvert
Cela faisait longtemps qu’un roman de fantasy ne m’avait plus autant marquée et tenue en haleine. Et sur 600 excellentes pages, qui plus est ! Un très très beau morceau que ce récit tissé autour d’un univers médiéval cohérent et surtout très crédible, à l’instar, et c’est sans doute là la plus grande réussite de l’ouvrage, de son personnage principal et narrateur, Syffe – un orphelin de 8 ans projeté vaille que vaille dans l’âpre monde des adultes, ses intrigues, ses guerres, ses luttes raciales.
C’est un personnage d’une densité rare et poignante, savant mélange d’un réalisme psychologique criant de vérité et d’un sens de la formule ébouriffant – Dewdney est aussi poète, et ça se voit, ça se sent, ça se ressent dans ses lignes incandescentes. Sa force et son extrême justesse ont ceci d’encore plus abasourdissant qu’elles semblent tellement simples et si fluides, comme si les mots allaient de soi, coulaient tout seuls. Et pourtant, la marque qu’ils laissent, elle, est de celles qui ne s’effacent pas si facilement.
Un peu à la manière d’un Fitz dans l’Assassin Royal, la très intelligente posture narrative adoptée, celle d’un Syffe plus âgé revenant sur son passé, permet par ailleurs de toucher sous un angle éclairé à la fin de l’enfance, aux expériences qui nous forgent (parfois au fer rouge), et ultimement ce qui fait de nous qui nous sommes.
Une vraie réussite, sur tous les tableaux, un ouvrage d’une puissance impressionnante qui va faire parler de lui.
Tout simplement un des meilleurs romans de fantasy francophones depuis Damasio ou Jaworski – et ce ne sont pas des noms que l’on agite à la légère !
(2ème plus gros coup de cœur de l’année avec « L’homme gribouillé »)
– Nikita –