“L’enfer est vide, tous les démons sont ici”, M. Bardiaux-Vaïente, M. Kerfriden, Glénat

A travers les points de vue de trois journalistes sur place, dont la grande penseuse Hannah Arendt, ce roman graphique retrace l’histoire du procès d’Adolf Eichmann, à Jérusalem, en 1961. Après avoir été « arrêté » dans des circonstances polémiques, cet architecte logistique de la solution finale plaidera jusqu’au bout non coupable, se réfugiant derrière le système et son obéissance aux ordres d’en haut. Pour le jeune état d’Israël, c’est un procès historique : un des premiers avec Nuremberg à être presque intégralement filmé et retransmis dans le monde entier. On y voit défiler des centaines de rescapés venus témoigner de leur terrible expérience dans les camps de la mort. La question de la sanction se pose face à l’atrocité des crimes commis ; la peine capitale est réclamée alors que pour les abolitionnistes (dont beaucoup d’intellectuels juifs), il n’y a pas d’exception. D’ailleurs comment condamner un seul bourreau pourrait-il faire justice à 6 millions de morts ? La problématique est dense et complexe dans ses retombées éthiques et morales non seulement pour le peuple juif mais pour l’humanité entière, pour un récit qui se lit pourtant d’une traite comme un bon thriller judiciaire (à la « Douze hommes en colère »).
– Nikita –