“Croire aux fauves”, Nastassja Martin, Verticales

Il y a des livres, rares, qui nous bouleversent au-delà de la distraction, du dépaysement, de la réflexion et de la catharsis propres à la lecture. Ceux qui font vaciller des convictions qu’on n’interrogeait pas, qui remettent en question notre conception du monde et nos a priori culturels, qui nous entraînent dans des réflexions philosophiques et ontologiques. “Croire aux fauves” fait partie de cette catégorie. Nastassja Martin, anthropologue française spécialiste des populations autochtones du Nord de l’Amérique et de la Russie, y relate le récit de l’attaque d’ours à laquelle elle a survécu. Loin de se cantonner à traiter cette expérience comme un fait divers sensationnaliste, elle transcende la double reconstruction d’elle-même qui l’a suivie, physique d’abord avec la “guerre froide” que se livrent les médecins russes et français sur son corps meurtri, et psychologique ensuite. Comment retrouver son identité après une expérience de vie telle qu’on est changé.e à jamais ? Entourée de populations aux croyances animistes en opposition complète avec la pensée occidentale commune, l’autrice nous entraîne dans le tourbillon de pensées qui l’assaille pour réinventer sa place dans ce monde et pour donner un sens à son traumatisme en interrogeant les liens entre l’Homme et l’Animal. Le résultat est tout simplement vertigineux !
À lire si vous avez aimé les romans de Sylvain Tesson, d’Andreï Makine (“L’archipel d’une autre vie”) et de Bérengère Cournut (“De pierre et d’os”), “Le loup” de Rochette ou encore “Les pizzlys” de Jérémie Moreau.
-Louise-