“Le passeur de lagunes”, C. Dabitch/P. Macola, Futuropolis

Loin de la Venise idéalisée des cartes postales envahie de touristes, C. Dabitch et P. Macola nous emmènent dans les méandres bien plus méconnus de ses lagunes… et les petits (ou gros) trafics qui s’y tapissent. Voici plusieurs jours que le père de Paolo, un pêcheur qui connaît la région comme sa poche, a disparu. Désœuvré, l’ado taciturne se met à sa recherche. Il se laisse aussi embarquer par son meilleur ami Ahmad dans la distribution d’une nouvelle drogue de synthèse pilotée par la mafia.
Le Vénitien Macola nous fait découvrir la Sérénissime sous des angles nouveaux ; de ses pinceaux ajourés il nous révèle ses eaux, ses ciels, sa nature, ses reflets, ses lumières et ses ombres. Les traits comme la cinématographie des compositions laissent la place aux silences et aux espaces de la lagune pour nous en faire ressentir toute la beauté en même temps que le carcan étouffant qu’elle peut faire peser sur ceux qui l’habitent, où on a parfois l’impression qu’il n’y a pas d’horizon. L’écrin atmosphérique parfait pour un polar intimiste en forme de récit initiatique (ou l’inverse ?) où le calme des décors contraste avec le crescendo de l’intrigue. Et des aquarelles dignes d’un Gipi !
– Nikita –