Nagasaki, Hostache, Le Lézard Noir
Il n’y a sans doute bien qu’au Japon qu’on peut imaginer pareille histoire…
Shimura-san, la cinquantaine bien entamée, mène une petite vie tranquille. Tous les matins, il sort de chez lui à la même heure, laisse sa porte ouverte – il n’y a jamais que quelques vieilles dames dans le quartier, et c’est plus pratique quand il rentre chargé après avoir fait des courses – part travailler toute la journée puis rejoint ses pénates dans la quiétude de sa solitude. Mais plusieurs détails bizarres l’inquiètent : ici et là disparaissent dans son frigo un poisson, un yaourt, un peu de jus de fruit… après s’être débattu avec ses doutes et sa conscience, posé des ‘pièges’, il finit par acheter une webcam pour surveiller son appartement en son absence.
Et là, la trame du drame se dévoile : une inconnue vit chez lui, dans son placard – elle s’est construit un nid à l’étage supérieur, qui a la taille d’un emplacement d’hôtel-capsule – depuis pas moins d’un an !
C’est assez surréaliste…et pourtant vrai. Et ça en dit pas mal, en filigrane et avec beaucoup de poésie, sur la société japonaise, sur l’isolement, la mélancolie, le ‘mal du siècle’ qui y touchent beaucoup d’individus. Tout en douceur, comme sur la pointe des pieds, à travers le quotidien de cet homme simple dont le havre du foyer est profané, l’intimité violée, et, en regard, l’histoire de cette SDF qui s’est faite fantôme pour habiter dans les vides qu’il laissait derrière lui. Agnès Hostache adapte avec une délicatesse et une sobriété touchantes et parfaitement à propos ce fait divers donc Eric Faye s’était inspiré pour écrire son roman éponyme. C’est étrangement beau et élégamment bizarre. A lire si vous aimez « La Cantine de Minuit » ou « Chiisakobé » !
– Nikita –