“L’anomalie”, H. le Tellier, Gallimard

Le Goncourt couronne cette année un roman d’anticipation publié dans « La Blanche » ?
Mais non !
Et pourtant si, et tant mieux ! Mais « L’anomalie », c’est bien plus que ça, et on ne s’en étonnera pas de la part du président de l’Oulipo.
Le Tellier emporte ses lecteurs au centre d’une galaxie de genres, d’univers, de styles et de personnages très variés qu’il réussit pourtant à lier les uns aux autres avec brio et ingéniosité.
Un roman-choral facétieux qu’on aurait cependant tort de réduire à un simple exercice de style : il nous place, nous lecteurs, devant le miroir implacable de l’hypothèse « et si ça m’arrivait, à moi ? Comment je réagirais ? ». Il nous confronte à nous-mêmes pour mieux nous pousser à la réflexion, mais il le fait de façon redoutablement impalpable et donc d’autant plus intelligente. Avec un art de la caractérisation et de la narration remarquables (avec quelques détails, une micro-scène, un trait d’esprit glissé comme par inadvertance, il construit déjà des personnages et des ambiances avec du corps !), « L’anomalie » est un brillant kaléidoscope : on se croirait tour à tour dans un épisode de X-Files, de Dr Who ou de Dexter autant que dans un roman d’Italo Calvino, et ses mises en abîme donnent le vertige comme les meilleures BD de Marc-Antoine Mathieu !
C’est un formidable confluent entre pop culture et écriture blanche, un page-turner aux lettres aussi belles qu’habiles pour un vrai bon roman tout public à la rencontre de l’Autre et d’horizons différents : et n’est-ce pas aussi ça, la littérature, de quelque genre qu’elle soit ?
– Nikita –
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