“La maison muette”, J. Burnside, Métailié

John Burnside nous livre une expérience de lecture si troublante que les anglophones disent avoir été « burnsided » après la découverte de ce roman… Et effectivement, depuis la terrible première phrase qui vous accroche, vous êtes parti(e) pour un voyage littéraire dans la psyché d’un narrateur dérangé et sociopathe. Il est obsédé par le concept de l’âme depuis son enfance et le conte de la maison muette que lui racontait sa mère : un prince moghol fait élever des enfants par des muets pour voir s’ils seront capables de parler sans jamais avoir entendu une voix humaine. Le langage est-il inné ou s’apprend-t-il ? Quel lien entretient-il avec l’âme ? Notre narrateur se met en devoir d’expérimenter autour de ces questions qui l’obnubilent… et n’est-ce pas grâce à des gens prêts à faire l’impensable que la science progresse parfois ?
Le compte rendu de ses expériences s’entremêle à ses souvenirs de sa mère et de sa vie, dans un style flottant et détaché, puisque pour lui tout ça est parfaitement normal… Mais s’il fait preuve d’une froideur parfois clinique pour nous décrire des événements tordus, il y a aussi dans l’écriture de Burnside une délicatesse, une élégance, une beauté de la langue (il est aussi poète, et ça se sent) qui capturent vivement l’imagination et créent un contraste proprement envoûtant ! Un roman macabre mais brillant à la croisée du « Parfum » et de « Lolita ».
– Nikita –