“Mademoiselle Baudelaire”, Yslaire, Dupuis/Aire Libre

On ne présente plus Charles Baudelaire : poète maudit, prince des nuées, même si le chemin pour qu’il y soit porté fut long et semé d’embûches. Un auteur qui a le spleen dans le sang, la bohême dans l’âme, la volupté chevillée au corps. Un homme dont les démons l’ont porté autant que hanté : la muse, celle de son inspiration comme celle qui peuple ses nuits et ses draps, celle qui nous parle ici, « Mademoiselle Baudelaire », est tour à tour lascive, enjôleuse, mais parfois aussi dévorante, farouche et insatiable.
Yslaire, chaque page de cet album le prouve, a très bien compris tout ça. Il signe un très bel album dont le parti pris audacieux de faire de Jeanne Duval, la « Vénus Noire » du poète, la narratrice, apporte un éclairage nouveau. Et puis quelle maitrise graphique ! Evidemment le 19è siècle est un terrain de jeu connu pour l’auteur de « Sambre », mais il nous livre surtout un vibrant hommage à Baudelaire : des planches à la composition onirique, éclatée, symbolique, où sensualité rime avec exotisme et animalité, et des cases d’une beauté aussi sombre qu’envoûtante qui invitent au voyage !
– Nikita –