“Jours de sable”, A. de Jongh, Dargaud

Attention : immense coup de cœur qui balaye tout sur son passage !
« Jours de sable », c’est le récit poignant du périple d’un jeune photographe. 1937, il accepte de quitter New York pour un job un peu fou : il est missionné par l’organisme gouvernemental chargé d’aider les agriculteurs après la Grande Dépression pour rendre compte de la situation misérable des fermiers du Dust Bowl. Une région férocement frappée par la sécheresse où sévissent de terribles tempêtes de sable qui détruisent les cultures et mettent des milliers de familles dans la détresse économique et sanitaire, jusqu’à en pousser la grande majorité à migrer vers des cieux plus cléments (pensez aux « Raisins de la colère »). Un voyage initiatique dont le jeune homme ne sortira pas le même (et nous non plus !), et une aventure humaine bouleversante avec en toile de fond des questionnements subtils et fascinants sur le métier de reporter et le rôle et l’art de la photographie.
Aimée de Jongh est allée encore un cran au-dessus de son déjà sublime « L’obsolescence programmée de nos sentiments » : quelle pureté, quelle limpidité, quelle puissance et quelle expressivité dans son trait, dans ses encrages, dans sa mise en scène, dans la composition de ses planches ! Le genre d’atmosphères qui vous explosent d’un coup à la figure sans prévenir pour vous couper le souffle et des scènes dont l’émotion et pourtant la pudeur des visages vous étreint dès le premier coup d’oeil. Je me suis retrouvée à faire inconsciemment une pause toutes les quelques pages pour me dire « mais qu’est-ce que c’est beau ! », et ça ne m’arrive pas si souvent. Aimée de Jongh trace son sillage percutant, entre un Frederik Peeters, un Craig Thompson ou un Emmanuel Guibert (‘Le photographe‘), et signe à coup sûr pour moi un des albums de l’année. Mon plus gros coup de cœur depuis ‘Oleg’ !
– Nikita –