littérature francophone, Romans

Désorientale

“Désorientale”, N. Djavadi, Liana Levi

Dans une salle d’attente d’hôpital typiquement parisienne où personne ne se parle, où les regards s’évitent, Kimiâ songe à son enfance en Iran où l’ambiance aurait été à l’opposé de ce silence poli. Replongeant dans ses souvenirs douloureux de fille d’opposants politiques, la jeune femme, installée en Europe depuis 30 ans, dresse le portrait, par l’intime, des révolutions et coups d’état qui ont ravagé le pays au XXe siècle.

Le récit, organisé comme un authentique conte persan, avec ses digressions, ses détails foisonnants et ses nombreuses voix, raconte le destin d’une famille sur trois générations, mais aussi le quotidien de Kimiâ qui, en tant que lesbienne, s’est toujours sentie marginale. Les cultures orientales et occidentales ont beau être opposées sur bien des points, elles se rejoignent sur ce rejet. Ainsi, Kimiâ, ne se sentant pleinement intégrée dans aucune culture, peut moquer, critiquer, admirer chacune d’entre elles. Et l’on y savoure tant les analyses du lien indéfectible qui unit l’Iran et la France depuis des siècles que les clins d’œil à l’âme belge.

C’est une lecture exigeante, que je vous conseille pour ses réflexions profondes sur le déracinement, la mémoire et l’identité. Pour ses phrases si justes, ses mots si forts, et son réalisme puissant, à vous donner des frissons. Une histoire bouleversante, pleine de tendresse et de fracas.

– Orianne –

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