“La porte du voyage sans retour”, D. Diop, Seuil

Après le remarqué « Frères d’âme » (Goncourt des lycéens), David Diop revient avec un nouveau roman résolument différent, même s’ils ont quelques traits en commun. Autre époque, autre réalité historique, autre style, mais on touche ici aussi à l’histoire du Sénégal – cette fois au 18è s, à travers le destin d’un jeune botaniste français. Au crépuscule de sa vie, il laisse à sa fille un manuscrit secret dans lequel il lui révèle le récit de son voyage en Afrique, pour qu’elle puisse comprendre (voire pardonner ?) pourquoi il s’est muré toute sa vie durant dans la tour d’ivoire de sa science, loin de sa famille, et pourquoi il est mort avec sur les lèvres le mystérieux prénom « Maram ».
Aux détours de sa confession, il convoque à la fois ses vieux fantômes et les esprits qui habitent les multiples croyances sénégalaises pour (re)partir à la découverte de l’Autre. « La porte du voyage sans retour », c’est le surnom de l’île de Gorée, d’où partaient les navires négriers. Diop réussit à insuffler un peu d’humanité dans ce contexte pour en faire avant tout une belle histoire d’aventure et d’amour, qu’il nous livre sur le plateau d’argent de son écriture ciselée, dense, exotique, riche et envoûtante comme la jungle ou comme un meuble précieux, finement ouvragé, qui cacherait bien des trésors à l’intérieur de ses tiroirs...
– Nikita –
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