“Shuggie Bain”, D. Stuart, Globe

Bienvenue dans l’Ecosse ouvrière désindustrialisée, morne et morose de l’ère Thatcher... bienvenue dans la tragédie ordinaire du quotidien de milliers de personnes, entre pauvreté, misère sociale, addictions, familles dysfonctionnelles, violences…
C’est le cas d’Agnes Bain. Mère de trois enfants, elle peine à joindre les deux bouts et recoller les morceaux depuis que son mari l’a quittée. Alors pour décompresser, elle aime bien s’en jeter une, Agnes… ou deux, ou trois, ou douze. Et souvent, celui qui trinque, c’est Shuggie, son plus jeune fils. Lui que tout le monde traite déjà de « tapette » parce qu’il est différent. Pourtant, malgré tous ses défauts, il l’aime, sa mère, Shuggie, ce qui n’en est que plus touchant, et on sent qu’elle essaie, parfois, même juste un peu. Est-ce vraiment sa faute ?
Rien n’est jamais tout blanc ou noir dans la vie, et c’est encore plus vrai dans ce roman fait de couches de gris comme des chapes de plomb. Mais de temps à autre, si on regarde bien, on peut y déceler de brefs éclats de lumière, de compassion, voire, qui sait, d’espoir ? Un récit poignant, déchirant parfois, où Stuart explore avec un brio terrible les limites de l’inconditionnalité de l’amour filial à travers la figure de cette mère qui est à la fois l’héroïne et la tortionnaire de son enfant. Un tour de force sans concession digne d’un Dickens des temps modernes !
– Nikita –
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