“Lucien”, S. Senegas et G. Carayol (Delcourt)

Lucien, c’est le gros balayeur de rue d’une petite ville rurale quelque part en France. On découvre son quotidien de solitaire par le regard de Paul, un petit garçon observateur et attentionné qui voit en lui l’ami idéal malgré son incongruité et sa gaucherie.
Entre monotonie et tristesse, les journées de Lucien sont rythmées par ses mouvements virtuoses de balai, les moqueries des prolos du coin et ses longues heures de contemplation d’une statue qu’il prétend être sa mère.
Les nerfs souvent mis à rude l’épreuve, c’est suite à une nouvelle scène de violence qu’il est contraint de fuir et que ses aventures d’as du bâton prennent une tournure réellement sombre, quand il se retrouve forcé à la clandestinité et vulnérable face à l’étroitesse et l’avarice des âmes perdues…
Un roman graphique très puissant à deux vitesses, bien plus noir qu’il ne laisse paraitre (surtout quand on sait que c’est le dessinateur d'”Anuki”!)
Trait réel et efficace, le livre est à l’image de son héros : brut, virevoltant et terriblement surprenant !
– James –