Littérature américaine, Romans

La montagne et les pères

« La montagne et les pères », Joe Wilkins, Gallmeister

« Les seuls dieux sont les mères amoureuses des pères. »
Bouleversé. Je suis bouleversé. Oh que cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait pas tiré de larmes ! Plusieurs fois. Des larmes inattendues, sincères, lourdes de sens… de celles qui nettoient, qui évacuent un trop-plein inconscient. J’ai fait une belle rencontre. Un écrivain. Un grand écrivain. Il m’a pris par surprise. Et je me suis fait cueillir. Comme un combattant qui s’ignore, comme un boxeur qui encaisse le coup qui le met au tapis pour le compte. Je me suis relevé. Jusqu’à la fulgurance de vérité d’après, de vitalité aussi, et puis celle d’après, et encore celle d’après…

Les années 70. Joe Wilkins a neuf ans quand son père décède. Ce dernier est le portrait de ces pères-courage des romans américains : loyal, fidèle, entier et amoureux des grands espaces et de la nature. Son grand-père est le dernier vrai cow-boy. Un roc. un Sage. Et sa mère a abandonné tous ses rêves de jeune fille pour le grand Amour. Presque un cliché. Pourtant l’histoire ne situe pas à l’époque romantique (et mensongère) de la conquête de l’Ouest. Plus aucun train à vapeur ne passe sur la prairie depuis longtemps… Sa vie, celle de sa famille, celle de son pays, le « Big Dry », un plateau sauvage et desséché entre les montagnes du Montana, se déroule donc à une période loin, très loin des clichés hollywoodiens et de ces westerns qui ont façonnés le soft power de l’Amérique victorieuse. Tout a changé…

Alors pourquoi son histoire semble-t-elle universelle ? Peut-être parce que c’est la quête paternelle d’un orphelin ? Parce que ses hésitations et ses erreurs de jeunesse sont celles que nous commettons tous ? Parce que la pauvreté n’est pas une malédiction si l’éducation et l’amour nous éveillent ?

Nous tenons entre les mains le livre de la relève de la littérature américaine.

– Frédéric –

Laisser un commentaire