« Hoka Hey ! », Neyef, Label 619
Le label 619, émancipé d’Ankama, continue à nous proposer des superbes albums à la facture soignée dans la lignée de « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » (one shot, dos toilé, grosse pagination), pour un prix défiant toute concurrence ! Et cette fois c’est le dessinateur Neyef qui sort de ses sentiers battus pour se révéler en tant qu’auteur complet dans ce western grandiose. Il y évoque la question épineuse des jeunes Amérindiens aculturés dans la 2ème moitié du 19è s., tiraillés entre leurs origines et l’idéal du rêve américain, à travers la quête identitaire de Georges, jeune lakota éduqué par le pasteur du coin dont la route croise celle de Little Knife. Lakota aussi, sa quête à lui est plutôt celle de la survie et de la justice (mais quand se transforme-t-elle en vengeance ?) face aux exactions dont a été victime son peuple.
Un duo entre l’eau et le feu où chacun apprendra de l’autre, au centre d’une galerie de personnages charismatiques et de dialogues fouillés et réussis. Le terme de « western crépusculaire » est souvent galvaudé ces dernières années mais pas ici : il y a de la violence, de la tristesse dans la disparition de la grande culture des plaines… mais aussi de l’espoir, de la poésie et de la beauté ! Et notamment dans les planches sublimes de Neyef, avec ses paysages magistraux, ses cadrages impressionnants, ses couleurs somptueuses. La scène d’ouverture est une merveille de composition, et la couverture n’est pas en reste : pas facile d’arriver à ce bon équilibre entre sobriété et impact qui agira comme un aimant.
Un « Danse avec les loups » du 9è Art et un des meilleurs westerns (si pas le meilleur) depuis « Undertaker ». Et plus que ça, c’est une très belle réflexion sur le poids du passé dans nos vies et la force de la transmission. Gros coup de cœur de l’année !
– Nikita –