“Histoire de Tönle”, Mario Rigoni, Gallmeister

Tönle est berger. A la fin du 19è siècle, aux confins de la Vénétie, l’est des Alpes aujourd’hui italiennes est une immense région sauvage qui fait partie de l’empire austro-hongrois. La vie est rude. Pour survivre, il faut absolument faire preuve d’une organisation sans failles pendant l’été pour cultiver et stocker assez de nourriture pour passer l’hiver. On est très loin de la vie idéalisée de celui qui n’a qu’à se pencher pour cueillir un fruit ou chasser. Malgré son labeur, Tönle est obligé de faire de la contrebande pour nourrir sa famille. Qui connaît mieux que lui les chemins de berger à travers l’immensité alpestre ? Mais un jour, il se fait repérer et doit fuir la maréchaussée. Commence un voyage, que dis-je, une odyssée à travers l’Europe centrale (jusqu’à St-Petersbourg !) pour vendre sur les marchés des gravures et des images pieuses. Après bien des années à se faire oublier vient le temps béni du retour. Mais la guerre gronde en Europe et avoir fait son service militaire pour l’armée de l’empereur ne garantit rien, bien au contraire puisque depuis, la région est passée sous le giron italien. C’est alors que l’absurdité des frontières là ou jamais elles n’ont été aussi artificielles va plonger Tönle une fois encore dans un périple passionnant où la Nature semble être la seule réalité intangible.
Un magnifique roman devenu un classique du «nature writing», que sa simplicité apparente rend si beau et intemporel malgré un contexte historique chargé et passionnant.
– Frédéric –