“Madones et putains”, Nine Antico, Dupuis aire libre

Très belle plongée dans l’Italie du XXème siècle à travers les destins tragiques de trois jeunes femmes, avec en miroir l’histoire de trois saintes auxquelles leurs vies font écho. Le ton est intimiste et les drames qui s’y jouent terriblement universels, rappelant par moment l’excellent “Les filles de Salem” de Thomas Guibert.
Le trait de Nine Antico est quant à lui brut et lumineux, alternant entre de monumentales fresques architecturales ou naturalistes et des cases serrées où les protagonistes sont à l’étroit. Usant de techniques mixtes, certaines pages évoquent la gravure sur bois tandis que certains visages invoquent l’âme de peintres modernes comme Permeke ou même Matisse, le tout dans des compositions léchées tant animées par la Renaissance italienne que par la bande dessinée moderne (notamment au niveau de l’exploitation des cases, très habilement utilisées).
Premier ouvrage de l’autrice sur l’Italie de ses origines qui nous entraîne dans un monde où la rumeur est omniprésente et où l’honneur prend le pas sur la morale, “Madones et putains” est peut-être son œuvre la plus personnelle et ambitieuse…
Trois récits presque tous authentiques assez durs mais inspirants pour provoquer un éveil des consciences dans un pays gangréné par le fascisme, la mafia et la misère.
Ma sainte pépite en cette rentrée 2023!
-James-