“Un chien à ma table”, Claudie Hunzinger, J’ai lu

Vivre assez longtemps pour comprendre la temporalité des arbres. Attendre immobile, tapie contre la terre, que passent les marcheur.euse.s dans la clairière. Toucher du bout du pied la fin d’une grande vie, et voir se dessiner ce qui vient après: le soleil absorbé dans la chair, l’acidité des groseilles, la nuit qui se termine.
C’est depuis la forêt que nous parvient une voix: celle de Sophie qui l’habite avec Grieg du haut de leurs 80 ans. Lui, s’estompe en vivant uniquement de lectures nocturnes, pendant qu’elle observe cette nature qui encercle leur petite maison. Un jour, quelqu’un gratte à leur porte: une chienne blessée. Avec l’animal, Sophie va sortir, elle va s’enfoncer de plus en plus profondément entre les arbres, jusqu’à devenir sauvage, devenir branche, devenir pierre. Dans sa verve écopoétique, Claude Hunzinger revendique l’ensauvagement qu’abordait Jean Hegland dans “Dans la forêt”.
Ecrire la nature c’est pour elle, comme ça l’était pour Sylvia Plath, l’ultime réponse à cette vie.
– Lou –