“Tout ce que dit Manon est vrai”, M. Fargetton, Héloïse d’Ormesson

Manon,
Tu as 16 ans et, portée par ta passion, tu prends contact avec un éditeur de bande dessinée pour échanger autour de tes écrits. Séduit par ton projet, il te propose de t’accompagner dans le processus de création. Mais séduit, il l’est aussi par ta beauté, ta jeunesse et ton innocence. Flattée et attirée par l’érudition du quinquagénaire, tu te confies à lui, puis tu te laisses entraîner dans une relation amoureuse. Alors, galvanisée par la fougue de ton adolescence, tu commences à mentir à ta mère, décomptant les jours qui te séparent de ta majorité pour vivre cet amour au grand jour.
Manon,
Tu nous fais cadeau d’un roman nécessaire. Un récit qui permet d’ouvrir le dialogue. Un texte qui parle de manipulation, d’emprise, de relations toxiques. Un roman glaçant, celui d’un drame qui en cache un autre. Tu dresses le portrait d’une famille ordinaire confrontée à des prédateurs sexuels, et tu analyses avec finesse les sentiments de chaque protagoniste.
Manon,
Entre tes parents divorcés, tes frères qui ont quitté la maison, tes amis du club de voile et tes potes du lycée, ce sont les personnes qui gravitent autour de toi qui nous révèlent chaque facette de ta relation avec Gérald et sa femme. C’est ta maman, surtout, qui m’a touchée. Cette façon qu’elle a de vouloir te protéger en te laissant la liberté de vivre ta vie. Déterminée souvent, désemparée parfois, elle a peur de porter atteinte à la relation qu’elle a construite avec sa fille.
Manon,
Tu as écrit avec tes tripes une autofiction dans l’air du temps. Un récit extrêmement bien construit, qui prend tantôt son temps comme un roman épistolaire, tantôt nous tient en haleine comme un thriller psychologique. Tu mets chacun face à ses erreurs. Tu rétablis la communication entre une ado et ses parents. Et tu la fais grandir sous nos yeux avec talent.
Manon,
Ton histoire est malheureusement celle d’autres jeunes filles. Elle nous replonge dans les années 2000 avec ces échanges de mails et ces sms au forfait limité. Mais surtout, elle nous parle de la génération d’avant #metoo, celle qui porte le poids de cette parole sur le point de se libérer, celle qui prendra conscience que justice doit être rendue, et que la perversion ne peut plus rester impunie.
Manon,
Tu nous livres un superbe roman sur l’adolescence qui fait écho à nos peurs, à nos désirs, à nos espoirs, à nos passions, à nos vécus, à nos erreurs, quel que soit notre âge. Car, décrite par ceux qui la côtoient, Manon est vibrante, Manon est vivante, Manon est vraie.
– Orianne –