“Les Antres, tome 1 : L’homme sans poids”, E. Puybaret, Delcourt

Un jeune homme décède dans un naufrage. Le Passeur qui doit le guider vers l’Au-delà manque à tous ses devoirs, si bien que le gamin est dépourvu de ligne Post-Mortem et devient une âme errante. Or, l’Au-delà est régi par des lois strictes et cette anomalie ne plaît pas aux gardiens. Qu’à cela ne tienne : Anton est déterminé à rejoindre le monde des vivants ! Pour sauver sa peau, notre héros flottant devra trouver un piano à queue entre deux attaques de ces démons ailés ayant réussi leur stage en Enfer.
Immersion instantanée dans ce bazar excentrique coloré créé par Eric Puybaret qui parvient à faire flotter le lecteur dans son univers onirique visuellement bluffant en deux planches à peine.
Un discours absurde à la Ionesco s’invite dans cet espace intemporel qui revisite, entre autres, le mythe d’Orphée et Eurydice, l’Enfer de Sartre ou encore la fascination universelle que suscitent les prophéties.
On y croise une farandole de personnages hauts en couleur, de Napoléon Bonaparte à Nina Simone et Frédéric Chopin, tous s’exprimant avec un vocabulaire fleuri digne du capitaine Haddock, tous profitant de l’éternité pour se réinventer.
Poétique et décalé, déjanté à souhait, cet ouvrage extravagant, aux illustrations d’une exquise poésie, questionne nos choix et notre destinée.
Une belle réussite !
– Orianne –