“Le lait paternel”, Uli Oesterle, Dargaud

C’est d’Allemagne que nous provient la dernière merveille graphique de chez Dargaud, une saga familiale sur deux plans chronologiques qui se déroule sans accrocs grâce à la mise en scène virtuose d’Uli Oesterle.
Largement inspiré du parcours de son père, l’auteur nous dépeint l’atmosphère des années 70 avec une maîtrise folle, oscillant entre glamour désenchanté et intrigues alcoolisées sur fond de drame familial; celui d’un père en quête de grandeur qui sombre en laissant dettes et créances à sa femme et son fils avant de s’évaporer dans les effluves liquoreuses des nuits munichoises.
Loin d’être un exutoire pour l’auteur, ce récit est l’occasion pour lui de se confronter à ses propres démons (il a lui aussi un certain penchant pour la boisson ainsi qu’un enfant en bas âge). J’ai aimé les nuances discrètes mais percutantes de couleurs ainsi que la narration en miroir qui apportent à cette histoire une noblesse graphique et scénaristique sans équivoque.
Si vous avez aimé “L’accident de chasse“, les premiers films de Fassbinder ou si vous vous intéressez simplement à cette période tumultueuse, n’hésitez pas, ce livre est pour vous.
-James-