Littérature américaine, Romans

Real Life

« Real life », B. Taylor, La Croisée

Je viens de finir la lecture de la lumineuse et subtile nouvelle de Toni Morrison, « Récitatif« , et c’est une douche écossaise d’enchaîner par un roman où le mot « race » est écrit comme une évidence, où le racisme est platement , frontalement un des éléments-clé de la réalité d’un jeune étudiant gay dans une grande université américaine. Pourtant le lien entre les deux œuvres est direct.

« Nous devenons des fantômes quand le passé nous rattrape. Je ne peux vivre tant que vit mon passé. C’est lui ou moi ».

Un lac. Immense. Une nature coupée au carré, domestiquée, toute britannique. Des voiles blanches, des avirons qui battent la cadence en silence. C’est l’Amérique du Nord. Un cocon universitaire où l’élite du midwest étudie les sciences. Une petite cité fortunée, jeune, blanche. Wallace, le personnage principal, et sans aucun doute le double de l’auteur, est l’un des très rares boursiers. Et le seul Noir de la faculté. Il fait partie d’un petit groupe d’amis. Presque tous gay. Wallace a mis au point une stratégie de survie: l’évitement, le mensonge par omission, le silence. Quand ses amis finissent par apprendre qu’il ne s’est pas déplacé pour assister aux funérailles de son propre père, les questions se font de plus en plus difficiles à esquiver…

Un roman qui impressionne en creux, en négatif. Sa vérité sur une hypocrisie fondamentale, archaïque et contemporaine nous laissera un souvenir impérissable du jeune Wallace, alias Brandon Taylor, 31 ans et un avenir prometteur de grand écrivain.

– Frédéric –

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