« Frontier », G. Singelin, Label 619/Rue de Sèvres
Après « The Grocery » et « PTSD », le talentueux Singelin s’attaque au vaste champ de la science-fiction. L’occasion pour lui de déployer de très jolis décors variés et minutieux, pleins de clins d’œil (Star Wars, Interstellar, The Expanse ou encore Shangri-La de Bablet par exemple), au sein de ce space opera pourtant à échelle humaine. Dans le style proche du manga qui le caractérise, il croque trois personnages à la marge : une ex-scientifique mutée sur une plateforme d’exploitation minière suite au rachat de sa compagnie, une ex-mercenaire qui a accepté la mission de trop pour les mauvais commanditaires et y a laissé un bras, et un ouvrier né dans l’espace qui n’a jamais touché le sol d’une planète. Le sort d’un petit singe de laboratoire va les réunir…
Chacun est confronté à des questionnements et des choix de vie auxquels on peut tous s’identifier malgré la distance. L’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs, sur Terre ou à l’autre bout de la galaxie ? Pour autant, le premier pas n’est-il pas de prendre son destin en main ? Des thèmes universels, des personnages attachants et, derrière l’atmosphère douce-amère et l’avertissement écologique contre la course à la prouesse scientifique, à l’armement et au profit, on découvre un récit plutôt optimiste où l’émancipation et l’espoir ne sont pas si loin à l’horizon, un peu à la manière des romans de Becky Chambers. Et ça fait du bien ! Peut-être la BD SF de l’année ?
– Nikita –