“La promesse”, D. Galgut, L’Olivier

Bienvenue au spectacle fascinant de la désintégration de la dysfonctionnelle famille Swart ! Quelle ironie, pour ces Afrikaners (Blancs d’ascendance hollandaise en Afrique du Sud), riches propriétaires terriens, d’être frappés du sceau d’un patronyme signifiant « noir »… Le ton est donné. La grande Histoire se mêle brillamment à la petite autour de cette famille, de 4 enterrements et 3 décennies avant et après l’Apartheid.
Il y a pour moi deux grandes forces dans ce roman, digne successeur de « Shuggie Bain » pour le Man Booker Prize. D’abord sa narration atypique, très déroutante au début mais qui acquiert vite quelque chose d’hypnotique voire de virtuose ; le narrateur omniscient oscille entre de nombreux personnages, change sans arrêt de focus, se rapproche parfois d’un flux de conscience, voire casse allègrement le 4ème mur – non sans un certain humour mordant. Et ensuite ses personnages, des gens qui n’ont pas été épargnés par la vie, qu’on ne peut pas réduire à des caricatures et dont l’épaisseur psychologique ne fait que renforcer l’impact du racisme ordinaire que Damon Galgut nous fait vivre avec eux de l’intérieur, articulé autour de cette fameuse promesse… et de l’histoire récente de l’Afrique du Sud. A lire !
– Nikita –