“Ils brûlent”, A. El Hamouri, Six pieds sous terre

Qui brûle ? Ou qui brûle qui ? Ça s’enflamme de tous les côtés dans ce nouvel album d’Aniss El Hamouri ! Lui qui s’était révélé avec « Comme un frisson » montre qu’il est un jeune auteur décidément prometteur avec ce début de saga de dark fantasy ambitieuse. On y suit l’épopée électrique d’Ongle et Pluie, dont les pouvoirs surnaturels destructeurs dans un monde médiéval peu ouvert à la magie les obligent à une fuite permanente en quête d’un havre rêvé mais qui semble bien hors d’atteinte.
C’est une fable fiévreuse qui commence avec la lueur d’espoir d’une belle histoire d’amitié face à la violence aveugle et parfois difficilement compréhensible du chaos du monde. Un récit à fleur de peau sur la différence, les questions d’identité et la quête de soi, ode vibrante aux marginaux, bouillonnant de mystère, de rage et d’une fragilité explosive jusque dans le dessin. Trait nerveux, expressivité des visages et des attitudes, bichromie crue, les pages débordent d’une fougue puissante et contagieuse pour un titre au confluent tumultueux d’un minimalisme à la Sfar et d’un univers sombre comme dans « Les Ogres-Dieux », « Salem » de Thomas Gilbert ou « Le Rapport de Brodeck » de Larcenet. Un bon coup de poing dans la figure, et on en redemande !
– Nikita –